Par Alexandra Christiansen, gestionnaire de portefeuille de la stratégie de Nordea Global Climate Engagement
Nous amorçons actuellement une grande migration vers un monde plus vert – les organisations publiques et privées travaillant dur pour passer de la production et de la consommation d’énergie fossile à des sources renouvelables. À mesure que cette évolution prend de l’ampleur, de nouveaux écosystèmes se forment et des technologies novatrices émergent.
Cependant, de nombreuses entreprises sont encore à la traîne dans la transition verte, en particulier les émetteurs lourds, responsables d’une grande partie du problème de pollution de notre planète. Ces groupes continuent de faire face à des risques importants, la fois fondamentaux et environnementaux.
Avec la prise de conscience de l’urgence climatique ces dernières années, nous avons assisté à une fuite importante de capitaux des sociétés à fortes émissions. La croissance rapide de l’ESG a été un facteur clé de cet exode des investisseurs, car les gestionnaires d’actifs cherchent à démontrer de solides performances en termes de développement durable.
Cependant, nous pensons qu’exclure les titres et secteurs aux émissions élevées n’est pas la bonne approche à adopter. Bien qu’il y ait toujours des entreprises à éviter, comme celles nécessitentant une réinvention complète de leur modèle d’entreprise, il existe de nombreuses entreprises qui ont juste besoin d’un coup de pouce dans la bonne direction.
Il est important que les investisseurs engagent avec ces entreprises largement oubliées, puisque les émetteurs lourds d’aujourd’hui joueront un rôle crucial dans la transition vers un avenir plus durable. L’expertise des détenteurs de capitaux peut se révéler précieuse pour les entreprises dans leurs efforts visant à réduire leurs émissions réelles.
En outre, les titres de nombreux retardataires environnementaux s’échangent actuellement à des prix historiquement bas, de sorte que la valeur qui peut être débloquée en aidant les émetteurs à se décarboniser au cours des prochaines années est immense.
La décarbonisation nécessite collaboration et action
Afin de permettre des changements significatifs grâce à l’engagement avec les entreprises émettrices, nous pensons que les investisseurs sont plus efficaces s’ils se concentrent sur cinq principaux facteurs de durabilité. Sans surprise, la première considération clé est les émissions de gaz à effet de serre, qui sont le principal moteur du réchauffement climatique. Si un grand émetteur de carbone n’aligne pas sa trajectoire d’émissions sur un scénario à moins de 2 °C, il continuera d’être fortement exposé à l’escalade des risques réglementaires, environnementaux et réputationnels, ce qui augmentera probablement ses coûts et son profil de risque.
Ensuite, comme la production économique exige des apports énergétiques substantiels, la gestion de l’énergie est essentielle à la réussite de l’action climatique. Avec la hausse des prix des énergies non renouvelables et la mise en œuvre de la tarification du carbone, le climat est devenu un facteur financier important, en particulier dans les secteurs à forte intensité énergétique comme l’industrie. Grâce à l’engagement, il est possible d’aider les entreprises à améliorer leur efficacité énergétique et la diversification des ressources énergétiques qu’elles utilisent. Cela permet d’atténuer l’exposition au prix volatil de l’énergie, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’améliorer les coûts et la fiabilité de l’approvisionnement énergétique global.
La gestion de l’eau et des déchets est une autre question vitale. Les ressources limitées de notre monde ne peuvent pas répondre à la demande croissante, ce qui crée une incertitude à long terme pour les entreprises fortement dépendantes des actifs naturels. Les investissements liés à l’eau et les améliorations de l’efficacité de sa gestion peuvent réduire le risque de subir des coûts d’exploitation plus élevés ou des pénuries. En conduisant l’adoption de modèles circulaires, nous pouvons aider à faire face à la pénurie croissante des ressources naturelles et aux coûts environnementaux de plus en plus visibles de la production des ressources et de la production de déchets.
De même, les entreprises ont besoin de conseils sur la gestion des ressources naturelles. Cela inclut l’utilisation de matériaux recyclés et renouvelables, la réduction de l’utilisation de ressources clés et l’optimisation de l’efficacité des ressources dans la fabrication. L’investissement dans la recherche et le développement de matériaux de substitution est essentiel si nous voulons cesser de nuire à la santé des écosystèmes par la surexploitation.
Enfin, les équipes de gestion de l’entreprise doivent être prêtes à repositionner les entreprises pour qu’elles soient résistantes à la transition et aux risques physiques liés au changement climatique. Nous pensons que la création durable de valeur à long terme sera presque impossible si les entreprises ne sont pas sensibles à la migration permanente vers une économie à faible émission de carbone et soumise à des contraintes climatiques.